L’aventure en quelques chiffres :
- Départ Conca (Sud) / Arrivée Calasima (Nord)
- 9 jours
- 147km
- 8525m d+
- Deux abandons sur blessure sur 5 au départ
Avec une partie de l’équipe du Kilimandjaro, nous avons décidé de repartir à l’aventure post-COVID sur les 180km et 11000m de d+ du mythique GR20 en Corse. On sera 5 également pour cette aventure.
Spoiler alert : Il ne faut clairement pas sous-estimer sa difficulté !!
Avec Louis, nous avons passé quelques soirées à planifier cette aventure. Sur la papier, ce sont 16 étapes entre Calenzana au Nord et Conca au Sud. Mais dans la vraie vie, nous avons découpé notre traversée en 12 jours plutôt équilibrés en terme de distance et de difficulté, en partant de Conca au Sud. Notre principale difficulté pour cette préparation réside dans la période à laquelle nous voulons nous élancer, à savoir fin mai, au tout début de la saison officielle (refuges d’étapes ouverts et gardés). Fin mai, il reste encore pas mal de neige et de névés sur la partie nord, surtout ces dernières années. Il nous faut donc prévoir un équipement spécial, avec chacun des crampons et un piolet, en plus du matériel de randonnée classique. C’est pour cette raison également que nous avons décidé de nous élancer du sud, pour que la neige ait quelques jours supplémentaires pour fondre.
Pour ma part, ayant un projet un peu plus grand et fou dans un coin de ma tête (le Pacific Crest Trail aux USA pour ne pas le citer), je décide d’embarquer ma tente et mon matelas, pour être en conditions réelles de porter tout mon matériel.
Le départ de Conca se fait directement dans la pente. Avec nos sacs bien chargés, nous comprenons assez rapidement que cela ne sera une partie de plaisir. Mais aussi que ce sera une vraie claque visuelle permanente ! Qu’est-ce que c’est beau !
Nous avons découpé la partie sud, jusque Vizzavona, en 5 étapes, la dernière étant la plus longue. Il y a pas mal de passages techniques, même dans cette portion sud, avec des chaines ou des passages de crêtes, ce qui rend notre avancée assez compliquée. Mais les paysages sont vraiment incroyables et tellement diversifiés. Où que l’on soit sur le GR, on peut apercevoir la mer à l’horizon, c’est assez irréel. Il n’y a en plus presque aucun réseau téléphonique, ce qui permet une déconnexion totale. On profite de nos soirées aux refuges et des rencontres. Sur la 2ème étape, Rebecca se fait mal à une cheville, mais parvient à continuer son chemin jusque Vizzavona malgré les douleurs.
Une fois à Vizzavona, il nous prendre une décision pour la suite, sachant que la partie nord est encore très enneigée. Surtout, Rebecca a besoin de passer une radio pour sa cheville et ne se voit pas s’engager dans cette partie plus difficile sans être sûre qu’il n’y a pas de casse. On décide donc de prendre le train pour Corte, un peu plus au nord, pour aller à l’hôpital et faire un jour de pause. Le verdict tombe, et Rebecca ne peut malheureusement pas continuer l’aventure…
On décide de repartir le lendemain en empruntant le Mare a Mare, autre chemin de randonnée de l’île, qui la traverse d’est en ouest. Il va nous permettre de rejoindre le GR20 en une journée et demi de marche, et cela nous évite les deux étapes les plus dangereuses du nord, avec de gros névés.
On retrouve le GR20 avec bonheur sur une superbe section au niveau du lac de Nino. Nous allons poursuivre notre route encore 2 jours, mais cette deuxième journée est très pluvieuse, et une très longue descente nous attend dans un pierrier rendu glissant par les conditions. En bas de cette descente, je sens mon genou qui commence à grincer. J’ai subi une ablation presque complète du ménisque interne du genou droit il y a une vingtaine d’années, et dans les pierriers glissants cela ne pardonne pas. J’avais déjà eu mal à la fin de mon aventure népalaise. C’est rageant parce que j’étais en super condition physique depuis le début.
Le lendemain, c’est le Monte Cinto qui nous attend, point culminant du GR20. La montée ne m’effraie pas, mais derrière il y a à nouveau une très longue descente. Je préviens mes compagnons que je risque de jeter l’éponge, ne voulant pas risquer de m’abîmer le genou encore plus. Parfois il faut savoir abandonner même si c’est une décision difficile à prendre !
Au réveil, Louis se lance dans l’ascension du Monte Cinto, et avec les filles nous rejoignons la route pour prendre un bus pour contourner l’obstacle et aller attendre Louis en bas de la descente. Mon genou est douloureux, elles en ont assez vu, et Louis étant satisfait d’avoir réussi l’ascension du gros morceau de ce GR, nous décidons de tous rejoindre Rebecca à Calvi pour profiter de la plage pendant les 3 jours qu’il nous reste. Il y a pire comme abandon 🙂
Une superbe aventure, des paysages de dingue, et une leçon de plus pour moi. Il faut savoir écouter son corps et ce qui est envisageable ou pas. De quoi méditer pour l’été qui arrive.