L’aventure en quelques chiffres :
- Départ de NayaPul / Retour à Phedi
- 8 jours (4 de montée et 4 de descente)
- 85km
- 6100m d+
- Camp de base des Annapurnas à 4130m
Été 2018… Depuis quelques temps déjà, mon envie d’aventures revient à grands pas. Bientôt 10 ans que je ne me suis pas lancé dans une aventure en itinérance. Cela me démange de plus en plus. Surtout que la plupart de mes potes sont maintenant mariés et ont des enfants, et pour moi il devient compliqué de trouver des compagnons de route. Alors quand je vois passer une annonce pour un départ organisé au Népal pour l’automne, je me dis pourquoi pas ?
J’y vois un double intérêt. Renouer avec le trekking dans un pays qui me fascine depuis toujours, et faire de nouvelles connaissances dans ce groupe constitué de personnes comme moi.
Je fais la connaissance du groupe à Katmandou, la capitale du Népal, et l’alchimie opère rapidement. On est tous jeunes, d’horizons très divers, autour de la trentaine et avec une envie de rencontrer ce pays et de se dépasser. La première mission de notre périple est de rejoindre Pokhara, 200km plus à l’ouest, point de départ vers les Annapurna (l’Everest se situe lui à l’opposé, à l’est de la capitale). 200km, mais une bonne journée de mini-bus, et un slalom permanent entre les camions et les voitures.
Sur le papier, rien de très effrayant, mais au vu de ma condition physique un peu légère, c’est une bonne manière de m’y remettre. Dès le petit groupe parti à l’assaut de notre objectif, on oublie tout. On marche, on fait connaissance, on discute longuement avec nos guides. Nous avons également quelques porteurs. Nous avons grimpé les 4 premiers jours, et redescendu les 4 suivants. Le sentier est vraiment practicable, on empreinte bon nombre de ponts suspendus traditionnels. Le midi et le soir, nous nous arrêtons dans des petits villages pour manger et dormir. Cela laisse place à beaucoup de beaux moments, à base de jeux, de musique, de danses locales et de découverte des traditions. Notamment le daal bhat, ce mets composé de riz et de lentille, et que l’on mange avec les doigts.
On entrevoit assez rapidement les premiers sommets se profiler, notamment le Machapuchare, avec sa forme pointue iconique et ses presque 7000m d’altitude. On se sent vite très petits entourés de tous ces sommets vertigineux. L’oxygène commence à se raréfier au fil des jours. Les paysages sont magnifiques, grandioses.
Le quatrième jour, nous arrivons sur un haut plateau et le camp de base n’est plus très loin. Nous venons de passer les 4000m d’altitude, et chacun avance à son rythme. Une épaisse brume recouvre la montagne, rendant ce moment encore plus mystique, et soudain nous arrivons à notre objectif. Vu le temps, on en profite pour se reposer, jouer aux cartes, boire quelques bières, et discuter avec les autres randonneurs venus d’un peu partout. On prie surtout pour que le temps se dégage pendant la nuit, et que la montagne nous offre un beau cadeau au réveil. Il tombe même quelques flocons pendant l’après-midi. On règle nos réveils vers 5h.
Le lendemain matin, la magie opère… Un grand ciel bleu nous laisse enfin profiter du spectacle. Quelques années plus tard, je ressens encore l’émotion de ces quelques heures, du silence de la montagne. Nous sommes entourés de certains des plus hauts sommets du monde, à plus de 8000m d’altitude. Ici et là, des stèles nous rappellent que la montagne est dangereuse, et qu’un certain nombre d’alpinistes ne sont jamais rentrés. On reste de très longues minutes à s’imprégner de ce moment, sans avoir besoin de parler.
Nous passons les 4 jours suivants à redescendre vers Pokhara. Le seul désavantage de cet itinéraire et d’être obligés d’emprunter le même chemin sur une grande partie du trajet retour. Mais les points de vue et les villages où nous dormons sont différents, et le spectacle encore au rendez-vous. Le dernier jour, mon genou droit me donne du fil à retordre. J’ai eu une ablation du ménisque interne au début des années 2000, et après 3 longues journées à ne faire que descendre, cela se ressent. Je finis donc l’aventure en tirant la patte, mais la tête et l’esprit remplis d’images pour la vie.
On profite d’une journée à Pokhara avant le retour à Katmandou. Je passe une soirée surprise avec Gidi et sa femme Julia, un ami avec un qui j’avais partagé un mois de mon tour du monde en 2008. Une amitié de longue date, et ils étaient partis quelques semaines en voyage de noce. Nos chemins se croisent souvent par hasard dans des endroits insolites.
Nous allons ensuite profiter de la merveilleuse ville de Bhaktapur, non loin de la capitale. Il y a de nombreux temples magnifiques, et une atmosphère particulière. Les traces du tremblement de terre dévastateur de 2015 y sont encore bien visibles.
Il est ensuite temps pour notre petite bande de se séparer. Nous étions des étrangers quelques jours plus tôt, et nous avons vécu une expérience inoubliable tous ensemble. Cela me donne envie repartir à l’aventure le plus vite possible.