L’aventure en quelques chiffres :
- Départ Roscoff / Arrivée Hendaye
- 15 jours
- 1500km
- 7800m d+
- 70h de selle
Il y a des aventures qui modifient le cours d’une vie. Je peux sans problème affirmer que cette première aventure en mode bikepacking en fait partie !
Quelques mois plus tôt, un très bon ami est passé chez moi à Bordeaux. Il s’était lancé le défi de rallier Paris à la frontière espagnole à Hendaye en quelques jours. J’en ai profité pour faire mon premier 100km à vélo avec les copains bordelais en l’accompagnant sur une partie de son étape ce jour-là. J’ai trouvé son périple tellement cool que cela m’a donné des idées, forcément.
Je ne faisais du vélo depuis quelques mois, et devant combler deux semaines de vacances, je me suis lancé le défi de faire une première aventure en bikepacking en solo. Quelques semaines après le GR20, le genou va mieux. J’achète des sacoches, y met beaucoup trop d’affaires et je prends un billet de train aller pour Roscoff.
Objectif de cette aventure : parcourir la totalité de la partie française de l’Eurovélo 1, à savoir la Vélodyssée de Roscoff à Hendaye.
Arrivé à Roscoff, je me rends à la poste pour renvoyer ma sacoche de transport chez moi. Il ne reste que mon vélo, mes sacoches et moi. Une sensation incroyable s’empare alors de moi pendant les premiers kilomètres. Une liberté totale, je peux aller où je veux, quand je veux. Enfin presque totale, je n’ai pas poussé le vice jusqu’à prendre une tente et des affaires de bivouac. Ce sera une première relativement confortable avec des nuits en dur dans des auberges ou des hôtels.
Je n’ai fait qu’une fois 100km dans ma vie, et je vais devoir faire la même chose 15 jours de suite. Sacré challenge, mais j’ai toute la journée et je peux donc trouver mon rythme petit à petit. La première journée est folle et l’après-midi je me laisse un peu emporter par mon euphorie. Résultat : je ne bois pas assez (oui il peut faire très chaud AUSSI en Bretagne) et je finis perclus de crampes dans les derniers kilomètres, à boire des litres d’eau pour essayer de me refaire le soir. On apprend tous les jours hein 🙂
Les 3 jours suivants sont très sereins, je trouve mon mode de fonctionnement petit à petit. Je longe durant de longues portions le canal de Nantes à Brest, qui finit par être un peu monotone. Mais je me détourne finalement pour rejoindre les marais salants de Guérande et mon point de chute du jour à Pornichet. Nous y avons nos habitudes quelques jours début août avec les copains et j’y retrouve des têtes familières. C’était le premier objectif de mon aventure.
Le départ du cinquième jour se fait un peu dans la douleur. J’ai une très longue étape de transition et je ressens pas mal de fatigue accumulée. Je dois faire un gros détour pour éviter le pont de Saint-Nazaire (j’aurais pu prendre un bus mais à l’époque je me disais que ça aurait été de la triche…) et j’ai l’impression de perdre mon temps sur le vélo, d’autant plus que l’étape ne présente aucun atout visuel. Mais la magie opère au bout de quelques heures et je prend du plaisir sur la fin, même quand le compteur affiche près de 140km parcourus. J’arrive à nouveau près de la mer, et cela suffit à chasser tous les nuages de ma tête. Les 1001 vie d’une journée sur le vélo. J’apprends jour après jour à gérer ces multiples émotions qui se succèdent plus vite qu’une montée de col de Tadej Pogacar sous produits inconnus.
Sur la section suivante, entre Pornic et la Rochelle, je découvre une partie de la France que je ne connaissais pas du tout : la Vendée ! Je prends de plus en plus conscience de la chance que j’ai de pouvoir découvrir des régions de France que je connais pas en itinérance lente. Ce mode de voyage a décidément tellement d’avantages et de belles choses à nous offrir ! Quel kiffe !
Je découvre également un autre avantage du voyage à vélo : pouvoir manger tout le temps, ce que je veux, en quantité pharaonique 🙂
La section suivante m’est beaucoup plus familière, habitant à Bordeaux à ce moment-là, puisque je traverse le Médoc et les Landes. Je travers des kilomètres et des kilomètres de forêts, et les nombreux podcasts que j’écoute me permettent de m’échapper un peu de cette monotonie. Lorsque j’arrive dans la Pays Basque, la magie opère comme toujours. Quelle région magnifique ! Je traverse Biarritz, et je profite des derniers tapes culs basques le long de la côte pour me refaire le film de ces 15 derniers jours. Certes j’ai eu de la chance avec la météo, mais qu’est-ce que c’était kiffant !
Une émotion certaine s’empare de moi en arrivant à Hendaye et la frontière espagnole. J’ai traversé le pays en 2 semaines, avec mon vélo et mes sacoches.
Un nouveau monde s’offre à moi avec ce mode de voyage, plus sobre et plus beau, et cela aura un profond impact sur ma vie.
C’est durant ces 15 jours que l’idée de mont tour d’Europe à vélo est née dans un coin de ma tête.