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L’aventure en quelques chiffres :

  • Départ et Arrivée Kiilopää
  • 8 jours
  • 132km
  • 1881m d+
  • Températures mini :
    • -34 degrés la journée
    • -27 degrés sous la tente
  • Un sauvetage en hélicoptère

La première aventure d’un autre genre, dans des conditions extrêmes !

Cela fait deux ans que j’ai arrêté de prendre l’avion. Ma prise de conscience écologique et de mon propre impact très néfaste m’ont amené à beaucoup réfléchir ces dernières années et à changer petit à petit certaines choses dans mon mode de vie. En découvrant le voyage à vélo, j’ai aussi découvert une autre façon de voyager, plus sobre, plus près de chez moi, à la découverte de territoires inconnus et pourtant si proches.

Mais cette expédition dans le grand froid, on l’a imaginée il y a 3 ans avec Luca, un ami de longue date. Et cela fait 3 ans que nous devons la repousser à cause du COVID puis d’une blessure. Alors je fais un écart et nous nous envolons en direction d’Ivalo dans la laponie finlandaise en cette fin du mois de février 2023. L’objectif est de faire le tour d’un parc naturel, à la frontière avec la Russie. Nous avons prévu une itinérance de 9 jours en ski-pulka. Pour celles et ceux qui ne savent pas ce qu’est une pulka, c’est une grande luge qui nous permet d’embarquer tout notre matériel et qu’il nous faut tracter avec l’aide de nos skis, qui sont à mi-chemin entre des skis de fond et des skis de randonnée, équipés de peaux de phoques.

Ce genre d’expédition demande beaucoup de préparation et ne doit pas être prise à la légère, les températures pouvant descendre sous les -30 degrés à cette période en Laponie. Nous avons amené avec tout toutes les rations de nourriture nécessaires et notre équipement personnel. Mais nos tentes, duvets ou réchauds habituels ne sont pas adaptés au grand froid. Nous avons donc loué dans une agence locale : la tente et les duvets pour le grand froid, un réchaud à essence (beaucoup plus fiable), les pulkas, les chaussures et les skis avec les peaux. Les pulkas pèsent entre 30 et 40kg au moment du départ (estimation très approximative). Autre indispensable de notre équipement : un balise GPS Garmin chacun, en cas de gros pépin et d’urgence. En effet, nous allons être coupés du monde dans le parc. J’utilisais déjà cette balise pendant mon Tour d’Europe à vélo, cela permet d’être géolocalisé, et de communiquer avec une liste de personnes pré-enregistrées en cas de pépin grâce à des satellites. On ne pensait pas devoir s’en servir si rapidement…

Avant de partir, nous passons une après-midi à nous familiariser avec l’équipement. On vérifie le matériel et on s’entraîne à monter et démonter la tente le plus rapidement possible, en cas d’urgence.

Les 2 premiers jours se passent très bien. Nous quittons assez rapidement les pistes empruntées par les autres randonneurs et nous nous familiarisons avec ce mode de déplacement, complètement nouveau pour moi. Les premières descentes sont assez fun 🙂 On passe même la première nuit à la belle-étoile, les températures étant assez clémentes entre -5 et -10 degrés. Il fait plutôt doux parce qu’il tombe en permanence une petite neige fine. Pour la plupart de nos nuits, nous avons réservé des places dans les cabanes du parc. Les peuples du nord savent y faire en termes d’abris. Ce sont des petites cabanes non gardées, qui ont des paillasses, tout les nécessaire pour faire un feu et cuisiner, et même des toilettes sèches. Pour l’eau, il y a en général un lac ou une rivière à côté, il suffit de creuser un peu. Ou alors nous faisons fondre de la neige.

Le troisième jour, nous ne croisons plus personne et il commence à neiger de plus en plus. Celui qui passe en tête pour faire la trace dans la neige fraîche y laisse des plumes.. Lorsque nous descendons des skis le midi pour manger, nous avons de la neige jusqu’au bassin. Pour arriver au refuge du soir, il nous reste une belle montée. Tracter la pulka en montée dans autant de neige fraîche se transforme en combat et je finis par casser l’attache de ma chaussure qui me permet de la fixer au ski… La boulette ! On est clairement au milieu de nulle part, à 10km de la frontière russe, et on ne peut plus avancer. On envoie un message à nos proches pour expliquer notre problème, en se disant qu’on gèrerait le lendemain, et on monte la tente. On commencer à installer le camp, à faire fondre de la neige, etc.. Installer un camp de la sorte prend entre 1h et 2h, sachant qu’il faut qu’on creuse un périmètre assez large dans la neige pour installer la tente. Le premier message que l’on a envoyé à nos proches était un peu direct, pas très rassurant, et ils se sont inquiétés. Ils ont fini par avertir le parc de notre situation. Lors de notre mésaventure, on était un peu en hauteur dans la montée vers le refuge, et Luca a réussi à capter une barre pendant quelques secondes. Le temps de recevoir un message du parc pour nous dire qu’un hélicoptère était en train de venir. Consignes : confirmez vos coordonnées GPS, pliez le campement et faites un feu quand vous entendrez l’hélico arriver.

Regards interloqués. Est-ce qu’on a vraiment besoin d’être secourus ? Là maintenant ? Bon de toute façon on n’a pas le choix, l’hélico est déjà en route. Un allume un feu digne de Burning Man quand il approche et on se fait hélitreuiller tour à tour. Après un court voyage de 10 ou 15min, on atterrit et discute un peu avec nos sauveteurs. Il s’avère que ce sont en fait des gardes frontières. Des moto neiges sont venues chercher tout nos équipement en parallèle et nous les ramènent le lendemain matin au point de départ de notre randonnée. Le tout gratuitement. On a halluciné du début à la fin. Mais on s’est quand même fait une belle frayeur et on se sent un peu coupable sur le coup.

Le lendemain, on reprend des forces, on change notre matériel défectueux, et on fait une nouvelle trace pour nos 4 jours restants. On va aller au centre du parc, au bord d’un lac gelé, où il y a plus de passage. Et les conditions météo seront beaucoup plus clémentes, on se sent en sécurité d’y retourner. Ces 4 jours sont magnifiques, on en profite à fond, on grimpe sur le sommet le plus haut du parc (où on a failli perdre des doigts tellement il faisait froid à cause du vent). Et on en profite aussi pour se faire un petit kiffe le dernier soir : dormir en bivouac par -27 degrés. Toute une histoire… On a eu très froid le temps de préparer le campement et de faire fondre la neige pour les repas lyophilisés, mais une fois dans la sac de couchage, j’ai jamais aussi bien dormi de l’aventure 🙂 L’histoire retiendra que l’on a raté, parait-il, des aurores boréales incroyables ce soir-là… Il faut dire qu’on avait marché 28km sur la journée, de quoi être un peu cuits. Le mercure est même descendu jusque -34 degrés pendant ces 4 derniers jours.

Encore une belle aventure, beaucoup d’apprentissages, et comme l’envie d’y retourner !

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